Un navire usine à gaz géant au large de l'Australie
Mots clés : usine flottante de liquéfaction de gaz, AUSTRALIE, Shell
Par Fabrice Nodé-Langlois12/11/2010 | Mise à jour : 22:52 Réagir
La plate-forme du projet Prelude, équivalente à cinq terrains de football, représente un investissement de 5 milliards de dollars.
Shell a reçu le feu vert pour construire la première usine flottante de liquéfaction de gaz.
L'un des projets industriels les plus spectaculaires de Shell vient de franchir une étape avec le feu vert accordé vendredi par le ministère australien de l'Environnement. La compagnie anglo-néerlandaise prévoit de construire une usine flottante de liquéfaction de gaz au large des côtes occidentales de l'Australie qui, une fois achevée, devrait être le plus gros navire du monde. Quatorze fois plus lourd et deux fois plus long que le porte-avions Charles-de-Gaulle, la plateforme du projet Prelude, 500 mètres et 600.000 tonnes, représente un investissement de 5 milliards de dollars.
Jusqu'à présent, les usines de liquéfaction qui transforment le gaz naturel en GNL (gaz naturel liquéfié) en le compressant et en le refroidissant à -161°C sont des installations pharaoniques construites sur la terre ferme. Le GNL présente l'avantage par rapport aux gazoducs, fixes par nature, de pouvoir être livré dans le monde entier par navires méthaniers. Les principaux exportateurs de GNL étaient en 2009 le Qatar, la Malaisie et l'Indonésie. L'Australie, forte de 24 milliards de mètres cubes, arrivait au quatrième rang. L'île-continent fait figure de nouvel eldorado gazier et pourrait rivaliser dans les prochaines années avec le leader qatarien. Son plateau continental, à l'ouest et au nord, près de l'Indonésie, regorge d'hydrocarbures. Les investissements dans l'exploration et la production en Australie devraient atteindre des records et tripler d'ici à 2013, selon un rapport publié jeudi par le consultant Wood Mackenzie.
D'un champ à un autre
«Avec notre technologie de GNL flottant, nous allons réduire le coût du projet Prelude ainsi que son empreinte environnementale à terre», commente Ann Pickard, présidente de Shell Australie. Les usines flottantes évitent de construire de coûteux ports méthaniers à proximité des usines terrestres. Surtout, elles permettraient d'exploiter des gisements plus éloignés des côtes. Une usine en mer pourrait en outre exploiter un champ jugé aujourd'hui non rentable car trop modeste en regard des investissements nécessaires, puis une fois la réserve épuisée, partir s'ancrer au-dessus d'un autre champ.
Phil Hagyrd, directeur du GNL chez Technip, le groupe français d'ingénierie pétrolière et gazière participant au projet Prelude de Shell, estime que les plates-formes flottantes pourraient fournir 5% de la production mondiale de GNL dès 2020.
GDF Suez étudie des projets de «GNL flottant», en Australie également. Total en revanche reste sur la réserve. Selon un dirigeant du groupe pétrolier français, ces usines en mer soulèvent de nombreuses difficultés techniques. D'ailleurs, Shell se garde pour l'heure d'annoncer un calendrier précis pour la réalisation de son premier navire usine.
Le Timor-Oriental, à qui Shell a proposé une plate-forme flottante pour exploiter un gisement à cheval sur les eaux australiennes et timoraises, a surtout vu les inconvénients de cette solution innovante. Le petit État insulaire a refusé, préférant une installation à terre qui créerait des emplois et des infrastructures chez lui plutôt qu'une usine susceptible de voguer un jour vers d'autres eaux.
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