Saturday, July 10, 2010

FOPLADE- El mundo, su naturaleza, los derechos del hombre.

Steve McCurry, l'humanisme en technicolor

Mots clés : Steve McCurry, Sharbat Gula, galerie Frédéric Got, agence Magnum

Par Valérie Duponchelle
24/06/2010 | Mise à jour : 15:16
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Il est l'auteur de «L'Afghane aux yeux verts».Rencontre avec un Américain qui regarde le monde droit dans les yeux.

La jeune fille Afghane. (Steve McCurry)
La jeune fille Afghane. (Steve McCurry)

Ne lui demandez pas s'il est las qu'on lui parle, encore et toujours, de cette jeune Afghane de 13 ans qui regarde le monde, droit dans les yeux, depuis 25 ans. Sharbat Gula, avec sa beauté de jeune biche farouche trône, dans l'exposition parisienne de Steve McCurry où la couleur explose partout, comme dans la palette d'un fauve. «J'aime toujours ce portrait, dit sans fausse modestie ni affectation cet Américain aux yeux très bleus, bien moins connu que son icône. Il combine plusieurs émotions : la surprise, la peur, la curiosité. Parce qu'il permet d'imaginer une histoire, de se projeter dans la vie de cette jeune fille au regard hanté qui, soudain, est proche de vous.»

Les tirages de Sharbat Gula, Afghan Girl (1984) sont presque tous épuisés. Le très grand format de 102 × 152 cm, exemplaire no 2 sur un petit tirage de 8, vaut aujourd'hui plus de 70.000 euros ! Il se passe quelque chose de particulier dans cette image prise au vol, résumé graphique de l'enfance en suspens entre joie de vivre et malheur.

Regard un peu fané par la vie, burqa lourde de femme mariée, joues tannées comme du cuir, le portrait de la même Afghane, pris 12 ans plus tard par Steve McCurry après des mois de recherches, se vend beaucoup moins cher et moins bien. Les deux images partagent pourtant ce goût instinctif du beau que le public applaudit à Paris, comme à Milan ou à Rome.

Déguisé en Pachtoun

Comment la beauté vient-elle au photoreporter? Né en 1950 à Philadelphie, ce New-Yorkais de cœur a commencé ses tribulations à 27 ans par un long séjour solitaire de deux ans en Inde. Avec un maigre budget de 9 .000 dollars, ce fils d'une famille d'origine écossaise et protestante a partagé la vie la plus simple de ce continent fascinant, obsédé par l'idée «de transformer cette expérience culturelle et mystique en métier.»

«Au début, tout est image. Il faut du temps pour comprendre vraiment ce que l'on voit et réaliser ce que l'on peut faire. C'est la recherche de l'instant décisif», explique Steve McCurry. Ses images s'imposent par leur qualité cinématographique, mélange d'humanisme universel et de savoir-faire en technicolor. Il a été couronné photographe magazine de l'année par l'Association nationale des photographes de presse américains en 1984 et lauréat, la même année, de quatre « premiers prix » du concours World Press Photo. Du jamais-vu. «Au bout d'un an et trois mois, raconte le photoreporter, je suis allé en Afghanistan, sans passeport, en me déguisant en Pachtoun. En dehors de Raymond Depardon, peu de photographes y étaient allés au moment de l'invasion soviétique.»

Le petit moine au pistolet. (Steve McCurry)
Le petit moine au pistolet. (Steve McCurry)

Ce petit module trapu aux gestes mesurés de pêcheur à la mouche, est un voyageur plus qu'aguerri, du Yémen à la Birmanie, membre de l'agence Magnum depuis 1986. De ses premières études tournées vers le cinéma, ce passionné d'Asie et de bouddhisme a gardé des références fortes, très américaines:le Kubrick des Sentiers de la gloire, de Docteur Folamour et de Barry Lindon, l'Orson Welles de Citizen Kane pour «son art du cadrage, sa lumière, sa composition», tout Tim Burton au «talent juste stupéfiant», les frères Coen de Barton Fink, Fargo, O' Brother Where Art Thou?, et le Billy Wilder de Sunset Boulevard. Il en parle en expert de l'écran qui sait goûter et analyser une scène, son impact visuel et la recette maison tapie derrière.

Paradoxe? Ce démocrate engagé, proche du grand photographe Eugene Richards, salué à Perpignan en 2009 pour son travail sur les soldats blessés en Irak, a peu photographié l'Amérique. « Hormis New York et son architecture grise, l'Amérique des centres commerciaux, de l'uniformisation du way of life, des chaînes de McDonald's, des blockbusters, des voitures et du sport obligatoire, ne me charme pas. Je préfère partir.»

«Le regard des autres», jusqu'au 31 juillet, galerie Frédéric Got, 35-37 rue de Seine, 75006 Paris.

Par Valérie Duponchelle
Grand reporter service Culture, Le Figaro Nouveaux Médias





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