Les forêts boréales russes ont une importance clé dans l’équilibre planétaire
27/04/2010 | Mise à jour : 09:58 Réagir
Le Grand Nord russe, c’est bien plus qu’un lieu de répit naturel. On sait désormais que cette vaste région va jouer un rôle déterminant dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Par Christopher Pala, spécialement pour La Russie d’Aujourd’huiLes scientifiques ont compris que les magnifiques forêts russes, décor de tous les contes populaires, retiennent des quantités énormes de carbone qu’elles ne relâchent pas dans l’atmosphère.
Une étude récente a révélé que la moitié du carbone mondial est stockée sur terre, dans la région du permafrost, dont les deux tiers sont en Russie. Mélange fabuleux de conifères et de sapins recouvrant d’anciens glaciers, les forêts boréales seraient la meilleure défense de notre planète. La forêt retient le carbone, mais la déforestation risque de le libérer. « Cela veut dire que cette zone est très vulnérable », dit l’un des auteurs de l’étude, Josep Canadell. « Si le permafrost fond, nous dégagerons 10% de plus de carbone par an pendant plusieurs siècles, plus que ce que nous envisagions. Réduire d’autant nos émissions coûtera beaucoup d’argent, mais les dommages seront encore plus importants si nous ne le faisons pas. »
Selon les prévisions actuelles, la planète se réchauffant de 3 à 4 degrés d’ici un siècle, les températures des régions boréales vont augmenter de 8 à 12 degrés et 90% du permafrost devraient fondre, libérant du coup le carbone dans l’air.
Une autre étude a montré que la région abrite 1 672 milliards de tonnes métriques de carbone organique, à plusieurs mètres de profondeur, soit presque 50% des stocks estimés de carbone souterrain.
Sebastiaan Luyssaert, biologiste à l’Université d’Anvers, expliquait dans un article publié en 2008 dans la revue Nature que les forêts anciennes continuent d’accumuler le carbone, contrairement à ce que l’on croit. Même si les incendies et les insectes en détruisent des milliers d’hectares, elles retiennent plus de carbone que les catastrophes naturelles n’en libèrent.
« Raison de plus pour protéger les forêts boréales russes », qui absorbent 500 millions de tonnes de carbone par an, ou 1/5 de l’absorption sur la planète, souligne Canadell, directeur exécutif du Global Carbon Project, basé à Canberra.
« Il faut garder le plus de carbone possible dans les forets maintenant », insiste Luyssaert : « si nous voulons éviter des processus irréversibles comme la fonte du permafrost ou l’inversion des courants océaniques, nous devons absolument contrôler nos émissions au cours des prochaines décennies ».
« Les forêts boréales lointaines ne semblent pas réellement menacées à l’heure actuelle », assure Nigel Roulet, un spécialiste des cycles du carbone à l’université McGill de Montréal. « Nous n’exploitons qu’une infime partie des ressources de ces zones. Mais je suis convaincu que la pression va augmenter à mesure que le climat se réchauffe et que le travail devient plus facile dans ces régions. En outre, ces ressources vont gagner en valeur à mesure que les autres s’épuiseront. Il est donc important de fixer des lois dès aujourd’hui. »
C’est ce qu’ont fait trois provinces canadiennes et le gouvernement fédéral, s’engageant à protéger la moitié de la région boréale du pays (1 006 000 km²) et gérer l’autre moitié de manière à minimiser les émissions de carbone. Mais aucune loi de ce genre n’existe en Russie.
Des 4,6 millions de km² de forêts boréales russes, l’abattage est interdit sur seulement 620 000km², et limité sur 934 000 km², selon Anatoli Chvidenko, un ancien forestier russe qui dirige désormais l’Institut international d’analyses de systèmes appliqués en Autriche. Le long des frontières avec la Finlande et la Chine, qui ont un grand appétit pour le bois de construction, les restes des incendies volontaires représentent la moitié de la moisson légale. Selon la loi russe, une zone protégée qui a brûlé (les gros troncs sont généralement intacts) peut être exploitée commercialement.
« Il ne faut pas attendre de lois restrictives importantes sur l’abattage en Russie dans un futur proche », acquièsce Olga Krankina, une écologiste forestière de l’université d’Oregon. « Dans la mesure où les espaces protégés sont déjà très vastes, il est plus important pour le gouvernement de faire respecter les règles existantes, y compris dans les forêts où l’abattage commercial est autorisé ».
FOND DU PLACEMENT PER DEVELOPPEMENT OVERSEAS CORPORATION.
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