Wednesday, July 21, 2010

FOPLADE- El mundo, su naturaleza, los derechos del hombre.

Motor City voit l'avenir en vert

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La nature a horreur du vide. Detroit en est riche : 150 km2 de friches et pas moins de 200 000 parcelles de terre sont à l’abandon en plein centre-ville. John Hantz, lui, est vraiment riche : on le dit à la tête d’une fortune de 100 millions de dollars faite dans les finances, l’un des rares millionnaires à ne pas avoir déserté la ville.

Il a également horreur du vide. Cette idée le taraude chaque fois qu’il traverse les paysages désolés de Motor City au volant de sa Volvo pour se rendre dans ses bureaux de la banlieue Nord. Non pas que ça lui donne le vertige. Non, ça lui donne des idées. En homme d’affaire avisé, il a naturellement fini par y voir une formidable opportunité.

John Hantz entend transformer l’ancienne capitale de l’automobile en «la plus grande ferme urbaine au monde» et compte investir 30 millions de dollars de sa poche dans ce projet. Pas une ferme avec des tracteurs, non : de l’ultra-moderne, alliant les technologies les plus avancées en matière d’agriculture, avec des serres chauffées au compost et des cultures hors-sol.

Mike Score, le président de Hantz Farms, en a élaboré les plans. Il nous livre ici sa vision de ce que serait cette ferme :

Sur le papier, la proposition semble une aubaine pour une ville en panne de projets. La politique du ménage par le vide annoncée par le maire, Dave Bing, avec la destruction programmée de 10 000 maisons, n’offre guère que la perspective du néant, faute de plan de substitution à une industrie automobile moribonde.

John Hantz, lui, promet de créer des emplois, de payer des impôts, et de faire de Detroit le phare mondial de l’agriculture en milieu urbain : dans ses plans, des touristes viendraient par milliers du monde entier constater le prodige de leurs yeux ébahis.

L’homme d’affaires avance que les parcelles de terre abandonnées coûteront à la ville 3 millions de dollars sur les cinq prochaines années, entre le manque à gagner en terme d’impôts et l’entretien, si rien n’est fait. La municipalité, handicapée par un déficit de plus de 300 millions de dollars, peine déjà à assurer les services publics les plus élémentaires : les résultats scolaires y sont parmi les plus mauvais du pays, les transports en commun médiocres, et à "Murder City", 70% des crimes ne sont jamais résolus.

Miniature de l'image pour John Hantz devant jardin
Pourtant, Detroit semble devoir confirmer une fois de plus sa réputation de ville dure aux affaires. Les intentions du millionnaire connues, de nombreuses voix se sont élevées dans la communauté, l’accusant de vouloir faire main basse sur les terres à bon prix. Il est vrai que l’intéressé a été jusqu’à suggérer que la ville procède comme lors de la conquête de l’Ouest, lorsque le gouvernement américain octroyait à chacun une parcelle de terre en échange de sa mise en valeur.

Ici, on se rappelle également que la construction de trois casinos (dont un a déjà fait faillite) n’a pas apporté les emplois promis aux habitants de la ville. «A ce point, les hommes clé dont il s’est entouré me semblent être tous blancs dans une ville noire à au moins 82%», a pointé Malik Yakini, à la tête d’une coopérative de fermiers noirs sur la rive Ouest de Detroit.

C’est là tout le paradoxe : Hantz ne compte guère de supporteurs parmi ceux qui ont contribué à faire de Detroit l’avant-garde de l’agriculture en milieu urbain. Les jardins et fermes communautaires y sont un phénomène solidement ancré, une institution : de 80 en 2003, on est passé à 1 300 aujourd’hui.

Earth Works, une association à but non lucratif gérée par le monastère des frères capucins, est l’un d’eux. Deux fois par semaine, Larry, un retraité de la Marine, vient y faire du bénévolat. Contre une cotisation de dix dollars par an, il obtient semences, plants et conseils pour cultiver son propre lopin de terre. «Dix dollars par an, s’enthousiasme Larry, vous ne pouvez pas trouver nourriture moins chère!»

Larry Earth Works
Dans une ville délaissée par les chaines de supermarché, et où de nombreuses familles ne mangent pas tous les jours à leur faim, l’initiative est bienvenue. Elle vise aussi à recréer du lien entre des populations isolées par la désintégration de la ville, mais aussi entre la banlieue et le centre. Mais on n’y fait pas d’argent.

Ce jour-là, au 36e étage du Renaissance Center, qui abrite également le siège de General Motors, Mike Score, est venu présenter son projet à un parterre de jeunes entrepreneurs en herbe, d’habitants, mais aussi de fermiers. Il est surtout venu les assurer des bonnes intentions de celui qu’il représente.

Les questions fusent dans la salle. La taille du projet ? «A terme, ce pourrait être 250, 500 ou même 5 000 hectares», répond Score. Les emplois ? La ferme compte employer «quinze à vingt personnes sur dix ans», pas plus, mais «200 à 250 emplois» indirects seraient créés par l’afflux de touristes. Un agriculteur aimerait savoir comment il compte régler le problème de la présence de plomb et de métaux lourds dans les sols. Un autre aimerait bien avoir la garantie que M. Hantz n’aura pas recours aux OGM, ou qu’il fera un usage raisonné des engrais chimiques. «Nous nous engageons a être de bons voisins, leur répond Score. Mais si à un moment vous avez le sentiment que nous n’avons pas respecté le contrat, ma porte est grande ouverte. C’est ça que j’appelle la responsabilité.»

Miniature de l'image pour Detroit vacant lots
A la sortie, les deux agriculteurs, John et Greg ne cachent pas leur scepticisme. «Quinze à vingt personnes pour vingt hectares de terre, cela ne me semble pas très sérieux», tranche John. La question des OGM l’inquiète particulièrement. Les jardins communautaires de Detroit font du bio et ne tiennent pas à voir des années d’efforts ruinés par une possible contamination.

Pour ne rien arranger, la société de services financiers de M. Hantz traîne quelques casseroles dont la presse locale s’est faite l’écho : Hantz Financial Services aurait ainsi payé un million de dollars d’amendes au cours des cinq dernières années pour «fraudes et déclarations inexactes». La première recrue de Hantz Farms, un certain Matt Allen, a été condamnée à un an de prison avec sursis pour «violences domestiques et obstruction aux forces de police». Avant cela, il avait travaillé au service de Kwame Kilpatrick, le maire sortant de Detroit, qui vient lui-même d’être condamné jusqu'à cinq ans de prison pour obstruction à la justice.

Lorsque je l’avais rencontré en mai dernier, Mike Score m’avait assuré avoir le feu vert de la municipalité, et que les dernières négociations ne portaient plus que sur l’emplacement des sites. Pourtant, le Detroit Free Press se montrait récemment moins optimiste : selon le journal, si la gouverneure Jennifer Granholm se serait dite prête à louer 2O hectares de terres, le maire, Dave Bing, y serait tout simplement opposé, arguant que les sols devraient être occupés autrement. Mais il ne dit pas comment.

Hantz Farms vision d'artistePour l’heure, le projet reste donc dans les cartons. Las, ce n’est sans doute pas demain qu’un Detroit nouveau sortira de terre…

Fonds pour les investissements et le développement.FOND DU PLACEMENT PER DEVELOPPEMENT OVERSEAS CORPORATION.

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