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• Un satellite européen va mesurer l'épaisseur des glaces
  

  Mots clés : KAZAKHSTAN, ESA

  Par Marc Mennessier
  08/04/2010 | Mise à jour : 08:42 Réactions (14)
  
  Cryosat-2 devrait décoller jeudi à 15 h 57 (heure française) depuis Baïkonour (Kazakhstan) à bord d'une fusée Dniepr. (Crédits photo : ESA - AOES Medialab)

  Les scientifiques espèrent, grâce à Cryostat-2, mieux connaître le rôle de la banquise et des calottes glaciaires dans l'évolution du climat.

  

  La tension sera à son comble jeudi après-midi autour du pas de tir de Baïkonour (Kazakhstan). Quatre ans et demi après la perte de Cryosat-1, le satellite européen dédié à l'étude des glaces polaires et continentales, sa réplique quasi conforme, Cryosat-2, décollera, si tout se passe bien, à 15 h 57 (heure française) à bord d'une fusée Dniepr. Échaudée par l'échec de Rockot, un autre lanceur russe qui s'était abîmé en mer le 8 octobre 2005, peu de temps après sa mise à feu, l'Agence spatiale européenne (ESA) a préféré s'en remettre cette fois-ci, à cet ancien SS 18, un missile ­intercontinental reconverti datant de l'ère soviétique. En priant pour que le sort ne s'acharne pas une seconde fois. Il n'y avait de toute façon pas le choix: avec ses 720 kg, Cryosat-2 était bien trop léger pour être mis en orbite par Ariane 5. Et Vega, le futur petit lanceur européen, ne volera pas avant la fin de l'année.

  Une fois placé en orbite polaire, à une altitude moyenne de 717 km, Cryosat-2 mesurera pour la première fois, avec une précision inégalée, les variations de l'épaisseur de la banquise et des calottes des pôles Nord et Sud. Selon le respon­sable scientifique de la mission, le professeur Duncan Wingham, «depuis 1999, la diminution de la glace arctique est devenue un fait. D'un autre côté, son déclin est plus rapide que ne le prévoyaient les modèles. Nous avons clairement besoin de comprendre en détail le comportement de la glace».

  Cette dernière joue un rôle majeur dans l'évolution du climat. Du fait de sa blancheur, la glace réfléchit la lumière solaire: sa diminution a donc pour effet d'augmenter la quantité de chaleur absorbée par l'atmosphère. La banquise agit également comme un isolant en réduisant les échanges thermiques entre l'océan gelé et l'atmosphère. La fonte des calottes polaires (Groenland notamment) contribue également à diminuer la salinité et donc la densité des eaux de surface, ce qui pourrait affecter des courants comme le Gulf Stream. Une étude publiée dans la revue américaine Geophysical Research Letters vient toutefois de montrer que ce dernier n'a subi aucun ralentissement au cours des quinze dernières années, contrairement à ce que prévoyaient alors les modèles climatiques.

  Une précision entre 1 et 3 cm

  En revanche, grâce aux mesures effectuées par les satellites Topex/Poséidon et Jason (1 et 2), on sait que la hausse du niveau des mers s'est accélérée. Et que la fonte des glaces polaires pourrait être en partie responsable du phénomène.

  «En mesurant la hauteur des glaces continentales et l'épaisseur de la banquise, Cryosat-2 va apporter aux scientifiques la troisième dimension qui leur manque», souligne Éric Perez, directeur des programmes d'observation de la Terre chez EADS-Astrium, l'industriel qui a réalisé le satellite pour le compte de l'ESA.

  Mesurée par le radar altimètre à haute résolution Siral, conçu par Thales Alenia Space, cette hauteur sera déterminée avec une précision comprise entre 1 et 3 cm. «On y verra plus clair dans six mois, après la validation de l'instrument en orbite», explique Laurent Rey, chef de projet Siral, chez Thales Alenia Space. La durée de vie de Cryosat-2, dont le développement a coûté 75 millions d'euros, est de trois ans, mais M. Rey espère bien prolonger son terme jusqu'à cinq ans et demi, voire au-delà. Avant de lui assurer une relève.

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