Sunday, March 21, 2010

FOPLADE-

De nouvelles pistes pour améliorer les plantes

Opération anti-OGM de greenpeace, en 2006.
Opération anti-OGM de greenpeace, en 2006. Crédits photo : ASSOCIATED PRESS

Contrairement aux OGM, les transferts de gènes restent confinés à l'intérieur d'une même espèce.

Ils y travaillent d'arrache-pied dans les laboratoires privés ou publics. Aux États-Unis bien sûr, en Europe aussi, en Chine. Les nouvelles technologies destinées à faire évoluer les plantes et à les rendre plus résistantes à la sécheresse et aux maladies, ou encore à améliorer leur qualité nutritionnelle ou tout simplement leur rendement sont sur les rails. S'agit-il de nouvelles techniques de production d'OGM ? La question est en débat au niveau de l'Europe. Un groupe de réflexion avait promis une réponse pour le mois de juin, ce sera sans doute plus tard.

La réponse est très attendue, car le débat sur les OGM dans plusieurs pays européens et particulièrement en France a abouti ces dernières années à des clivages irréductibles. Les cultures d'OGM sont en recul en Europe, selon le rapport publié mardi par deux ONG. «Actuellement, les OGM sont, dans leur très grande majorité, des plantes résistantes aux herbicides ou aux insecti­cides », rappelle Guy Riba, vice-président de l'Inra (Institut national de la recherche agronomique). Pour obtenir cette propriété, on utilise un mécanisme simple consistant à introduire dans la plante un gène extérieur. Avantage : c'est une technique bien rodée. Inconvénient : «On ne sait pas cibler correctement l'endroit où l'on introduit le gène et on ne maîtrise pas le nombre de copies», ajoute-t-il. «Les produits du transgène peuvent s'accumuler dans les résidus de récolte, dans le pollen ou dans les grains consommés», renchérit Emmanuel Guiderdoni, chercheur au Cirad (Centre de recherche agronomique pour le développement).

Ce qui se trame dans les laboratoires est une tout autre histoire : il s'agit de s'appuyer sur des gènes qui existent déjà dans la plante. «C'est une manipulation beaucoup plus précise du génome qui n'intègre que des séquences utiles dans des endroits précis», poursuit Emmanuel Guiderdoni. Une technique baptisée Sage : sans ajout de gène externe à l'espèce. Pour ce faire, les recherches vont dans trois grandes directions. La première vise à reproduire la sélection variétale classique mais en accélérant le processus. Les deux autres sont de la mutagenèse dirigée. «On modifie un gène préexistant dans la plante pour changer les qualités agronomiques de cette dernière», commente Jean-Christophe Pagès, le président du comité scientifique du HCB (Haut Conseil des biotechnologies). «Prenons l'exemple du manioc africain. C'est une plante très importante mais qui présente l'inconvénient d'avoir des quantités de protéines qui ne sont pas digérées par le métabolisme humain. On pourrait imaginer rendre ces protéines plus diges­tibles, en se servant notamment du manioc d'Amérique du Sud, sans qu'il y ait un quelconque ajout de gène.» Des expériences sont actuellement en cours au Keynia, visant à obtenir du maïs résistant à la sécheresse.

Cela va-t-il permettre de gommer toutes les craintes des opposants aux OGM ? «Cela ne supprime pas la question de la dissémination », prévient Guy Riba. Il n'en reste pas moins vrai que plus on avance dans la recherche, plus on est capable d'éliminer des risques. «Et si l'on dissémine une plante résistante à la sécheresse, c'est tout de même moins ennuyeux qu'une plante résistante aux herbicides», souligne une experte.

Une chose est sûre, plus la science avance, moins il est pertinent de parler «des OGM» et plus il semble cohérent de faire du sur-mesure. Du côté des scienti­fiques, les Français espèrent qu'ils vont pouvoir raccrocher le train de la recherche, mis sous le boisseau après toutes les polémiques. Tous attendent la répartition des fonds du grand emprunt et espèrent récupérer des sommes allouées aux biotechnologies.



EL MUNDO Y LAS FINANZAS.

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