Le spectre d'une marée noire polaire
Mots clés : marée noire, pétrole, hydrocarbures, ARCTIQUE, Michel Rocard, Alf Hakon Hoel, Statoil, Total
Par Fabrice Nodé-Langlois04/06/2010 | Mise à jour : 10:15 Réactions (3)
Un rapport récent de l'Institut norvégien de recherche sur la nature (Nina) conclut que les écosystèmes arctiques sont plus vulnérables à une marée noire que ceux de la mer du Nord, exploitée depuis trente ans. Crédits photo : AP
L'isolement géographique de l'océan Arctique et le manque d'infrastructure rendraient hasardeuses les opérations de protection et de nettoyage dans ce bout du monde.
«L'inquiétude est effroyable à l'idée de voir la marée noire du Golfe se reproduire dans l'Arctique, ce serait une catastrophe irréversible», commentait ce jeudi Michel Rocard. L'ancien premier ministre, ambassadeur de France chargé des négociations sur les pôles, participait à une conférence sur les enjeux du Grand Nord (*).
En Norvège, «on interpelle les industriels sur leur capacité à réagir en cas de catastrophe», confirme Alf Hakon Hoel, chercheur en sciences politiques à l'Institut de recherche maritime de Tromso, principale ville norvégienne au-delà du cercle polaire. Dans les îles Lofoten, où la compagnie Statoil pèse de tout son poids pour chercher des hydrocarbures, les courants dominants pousseraient une marée noire vers les côtes. Une marée noire s'abattrait sur une zone maritime stratégique pour la reproduction des morues. Le projet des Lofoten fait l'objet d'un âpre débat politique en Norvège. De quoi faire imploser la coalition au pouvoir à Oslo.
Manque d'infrastructures
«Nous n'aurions pas le droit de forer en Norvège sans avoir un plan préparant tous les scénarios», veut rassurer Hege Norheim, vice-présidente de la compagnie nationale Statoil, chargée du Grand Nord, rencontrée au siège du géant, à Oslo. «En Norvège, avant d'avoir un permis d'exploration, il faut faire une analyse complète du système écologique d'abord. En cas de catastrophe, nous serions les seuls responsables.»
Les groupes pétroliers, Statoil ou Total, mènent des recherches sur la dispersion du pétrole dans une mer gelée. Les résultats d'un programme de quatre ans récemment achevé montrent que l'on peut brûler le pétrole plus facilement lorsque la banquise est formée. En cas de débâcle, cela devient plus problématique. Un rapport récent de l'Institut norvégien de recherche sur la nature (Nina) conclut pour sa part que les écosystèmes arctiques sont plus vulnérables à une marée noire que ceux de la mer du Nord, exploitée depuis trente ans. L'isolement géographique de l'océan Arctique et le manque d'infrastructure rendraient hasardeuses les opérations de protection et de nettoyage dans ce bout du monde.
Pour réduire le risque de marée noire, la Norvège et la Russie imposent depuis peu le passage des pétroliers à 12 milles nautiques du rivage, et non plus 4 milles, avec deux rails de navigation, est et ouest, bien séparés.
*Organisée à Paris par l'Ifri, Institut français des relations internationales, et l'ambassade de Norvège.
Fonds pour les investissements et le développement.FOND DU PLACEMENT PER DEVELOPPEMENT OVERSEAS CORPORATION.
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